Après vingt ans de peinture passés à peindre essentiellement des intérieurs, j'ai eu envie de "sortir". Par la fenêtre de la maison d'André Derain, à Chambourcy, ou par la porte d'Ambohimanga, village royal de Madagascar.
Les abbayes de Silvacane, de Sénanque et du Thoronet - les Trois Soeurs Provençales - m'ont inspirée, et j'ai choisi une sortie vers la Lumière, par la voie de la Nature. Aussi les tableaux "botaniques" se sont-ils multipliés, et la recherche s'est poursuivie avec les paysages. La Haute-Provence en hiver, froide et altière, m'a conduite sur de nouveaux chemins, ceux du grand vent et de l'infini du ciel.
Une quête picturale, qui ne fait que commencer.
Je souhaite exprimer une gratitude sans limite envers ma grande-tante, Simone Tay. Simone était la soeur de mon grand-père, et s'est occupée de moi lorsque j'étais enfant. Artiste-peintre et Professeure aux Beaux-Arts, elle me gardait les jeudis sans école, dans son atelier de la rue Sainte à Marseille.
C'est là que j'ai été initiée au calme et a la sérénité de son lieu de création. Dans le silence et le parfum de la térébenthine, Simone peignait des marines ou des paysages, des portraits ou des jardins de fleurs. Je dessinais de mon côté, et je ressentais du bonheur.
L'été, nous partions à Malaucène, dans le Vaucluse, au pied du Mont-Ventoux. Simone avait une petite maison de village. Sur la table de la cuisine, Simone posait un fruit et un pot de terre, et je m'exerçais à la nature morte. Elle peignait dans les champs ou dans l'ombre des rues; j'étais sa petite assistante. Je lui dois de nombreux souvenirs de plaisir et de tranquillité, dans l'atmosphère parfaitement paisible de ses intérieurs.
Je lui dois un accès privilégié à la Nature et à la Provence, sur les chemins de mon enfance.
C'est grâce à Simone Tay si aujourd'hui j'ai ce bonheur... la Peinture.
Simone Tay, Mont-Ventoux
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